jeudi, novembre 10

J'avais oublié...

Je suis allé voir ceci :
Trois semaines après ceux de Yaoundé au Cinéma Théâtre Abbia, les cinéphiles de Douala se sont massivement retrouvés au Cinéma le Wouri les 23 et 24 octobre dernier. L’événement : la projection en avant-première de La Déchirure, dernière réalisation cinématographique de Alphonse Béni. A la vue des nombreux spectateurs, visiblement impatients de découvrir ce film annoncé à grand renfort de publicité, les habitués ne pouvaient se tromper : pareille foule n’avait pas été observée au “ Temple de la Culture ” depuis Hôtel Rwanda de Terry George.
Il était 18h30 ce dimanche 24 octobre. L’écran s’illumine et laisse apparaître les premières images ! Très vite, l’intrigue se noue autour de la perte de l’emploi du personnage principal, le chef de famille Atangana Wamba Kotto Muller, interprété par Alphonse Béni lui-même. Le héros se démène pour trouver un autre travail. En vain. Les potentiels employeurs, très vagues dans leurs propos, ne semblent pas acquis à sa cause. Le public aussi. Ce dernier ne se prête plus au jeu et tourne en dérision des acteurs visiblement mal à l’aise devant la caméra. Cas illustratif : celui du magistrat dont la fille, Alice Ngo, a été engrossée à 15 ans par Clément Wamba, fils du héros. Récitant ses textes sans y mettre du cœur, il sera hué à longueur de soirée par le public, pour ses problèmes de diction (“ réfréchir ”) comme son faux jeu évident. Un jeune étudiant s’exclamera en ces termes : “ Qui a écrit ce scénario ? ”.
Question légitime d’un spectateur qui s’attendait à autre chose qu’un melting-pot de problèmes posés par le film, sans solution perceptible. Promené sens dessus-dessous, le spectateur vogue dans un imbroglio absolu : sorcellerie “ bienfaisante ” (le bonbon mystique du prisonnier Clément) ; chorale sans présence justifiée ; redondance des thèmes religieux. Des scènes dénuées de toute logique contextuelle (la jeune femme ayant troqué son sous-vêtement avec le pasteur) et sans suite (que se passe-t-il après la tentative d’inceste teintée de mysticisme initiée par un fils Wamba sur sa sœur ?), parfois répétées avec les mêmes mots (“ Confions tout à Dieu ”) ne desservent pas ce film dont le public semblait en attendre beaucoup. A la place de la dénonciation des véritables tares de la société dont les facettes les plus réelles et réalistes auraient été probantes, le public a dû se contenter du moins important : des poitrines généreuses omniprésentes et des clins d’œil publicitaires à une agence de voyages, un hôtel bien connu de Yaoundé et une compagnie aérienne.
A la parution de l’inscription “ A suivre… ” qui indique la fin du film, l’un des spectateurs ironise en s’exclamant : “ Etait-ce un film, une série ou un feuilleton ? ”. Si “ La Déchirure ” n’a ni impressionné les cinéphiles, ni imprimé sa marque dans le cinéma camerounais, le Black Ninja aura eu le mérite d’avoir réalisé un film. Le premier volet de ce qui s’annonce une saga…comme Le Seigneur des Anneaux de Peter Jackson ?

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